Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

demander vengeance ? N’ont-ils pas, au contraire, pardonné à leurs anciens maîtres les tortures de la servitude en devenant leurs égaux, tandis que, parmi les civilisateurs, il en est qui ne peuvent pardonner à leurs anciens esclaves leur liberté et la ruine d’odieux privilèges !

« Mais pourquoi remonterais-je jusqu’à l’émancipation pour confondre le correspondant particulier de la Gazette des Tribunaux ? La passion l’aveugle et nuit au succès de son réquisitoire, car où puiserait-il le droit de soutenir que les mulâtres repoussent même l’égalité, lui qui, quelques lignes plus bas, divise la société coloniale en deux catégories, en parlant de la haine des hommes de couleur contre les enfants de la France ? Ignore-t-il donc, cet agent de discorde, que ces ennemis des enfants de la France versèrent leur sang pour défendre la Guadeloupe pendant les guerres de notre première République, jusqu’au moment où les lâches, qui n’étaient pas de race nègre, la livrèrent aux Anglais ?

« D’ailleurs, à quelle occasion tant d’injures sont-elles dirigées contre l’immense majorité des citoyens de la Guadeloupe ? C’est sur la déposition d’un misérable qui, après s’être accusé d’avoir mis le feu aux cases d’une habitation, est venu devant le