Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/34

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impunément tous les jours. Le bon sens d’une nation essentiellement intelligente en fait justice. Mais dans les colonies, en présence d’une société encore dans l’enfance, d’une société qui n’a pas encore de notions exactes du juste et de l’injuste, du bien et du mal, je dis qu’avant d’initier cette société aux malheureuses passions qui désolent la vieille Europe, il faudrait auparavant l’initier aux principes d’éternelle morale et d’éternelle justice qui lui sont malheureusement presque inconnus.

« Il faudrait (je sais que je vais soulever des murmures violents), il faudrait, par une éducation religieuse bien entendue, poursuivie avec persévérance, apprendre à ces malheureux, qui sont dignes de notre sollicitude, que l’inceste, l’adultère, l’incendie, le vol sont des crimes. »

M. le ministre s’attendait à soulever des murmures violents, le Moniteur constate qu’il n’en fut rien ; je me bornai à dire à M. Romain-Desfossés : « C’est une calomnie, une odieuse calomnie, » et il continua tranquillement sa lecture.

En effet, M. le ministre lisait ! Ces outrages prodigués à la classe entière des émancipés, ils étaient écrits, ils n’ont pas été arrachés, dans le feu d’une discussion, à un mouvement de contrariété ou de colère,