Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/42

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livrée à l’anarchie ; il n’est pas vrai que nous soyons exposés à la famine ; il n’est pas vrai, surtout, que les blancs soient menacés d’extermination. » Peu de temps après, M. le procureur général disait encore dans une circulaire : « La tranquillité devient de plus en plus grande ; d’excellents rapports semblent s’établir entre les propriétaires et les travailleurs. »

Les colonies jouirent, longtemps après l’émancipation, d’un calme réel ; nous n’avons pas le projet d’exposer ici comment et par qui elles furent jetées dans la guerre civile, cela nous ferait sortir du cadre de cet écrit : ce que nous voulons dire, c’est qu’on est en vérité bien injuste aujourd’hui envers la classe de couleur ; on lui suppose volontairement, sans l’ombre même d’une preuve, d’exécrables desseins, comme si l’on ne se souvenait pas qu’aux heures de crise, elle montra une sagesse, un dévouement à l’ordre, nous ne craignons pas de dire, une générosité auxquels ses adversaires eux-mêmes, devenus trop ingrats, rendirent publiquement hommage. Le 22 mai 1848, alors que l’émancipation n’était pas encore prononcée, une arrestation arbitraire soulève les esclaves de tout un quartier, à la Martinique ; la révolte la plus menaçante est maîtresse de la ville de Saint-Pierre, l’autorité a disparu.