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rien, séducteur, don Juan en habit noir, de savoir que Mimyane, malade comme il est, est encore incapable de défendre son bien ? Si j’étais acculé au vol, je ne commencerais pas par voler sur une tombe, mon cher.

MARGERET (riant). — Voici que tu assommes le mari, maintenant. La comparaison me plaît assez, encore que j’aurais préféré le mot de cénotaphe. Il y a quelque chose sous la pierre du tombeau : un cadavre. Le cénotaphe est vide. — Voici ta mère.

Marthe de Ryvère a quarante-cinq ans. Elle est encore très belle et très désirable en somme. Veuve du commandant de Ryvère tué en duel, elle n’a jamais consenti à un second mariage, par amour pour son fils. Décolletée, dans une robe de dentelles, dentelles noires et dentelles blondes, elle ne paraît pas son âge. L’amie de Suzanne de Sabran, mariée ce matin même à de Mimyane, est toujours l’exubérante Mme  de Ryvère que le monde a connue jadis et dont les aventures furent bruyantes plutôt que scandaleuses.

Mme  de RYVÈRE. — Mon fils, ne parlez pas à ce brigand de Margeret. Il ne vous donnera que de mauvais conseils.

MARGERET. — Je vous remercie, Madame de Ryvère, de votre appréciation flatteuse à mon