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SUZANNE. — Restons dans l’obscurité aussi. Cette flamme rouge chauffe assez et éclaire la scène. Il y a dans cette chambre comme quelque chose de satanesque qui me grise… (Se laissant aller dans les bras de d’Estinnes.) Alors, vous m’aimez un peu ? un petit… un petit peu ?

D’ESTINNES (éperdu). — Oui, je vous aime.

SUZANNE. — Nous composons à nous deux tout un roman d’amour moderne. C’est délicieux de se sentir ainsi dans vos bras, bon ami. Fermez-les sur moi, plus fort… encore… toujours plus fort.

D’ESTINNES. — Suzon…

SUZANNE. — Pourquoi frissonner à votre tour ?

D’ESTINNES. — Vos cheveux frôlent mon front…

SUZANNE. — J’ai cru sentir votre moustache sur la nuque. Alors, c’est pour si peu ? Pauvre bon d’Estinnes ! N’est-ce pas qu’ils sont parfumés naturellement, mes cheveux blonds ? On me l’a dit une fois, rien qu’une fois, lorsque j’étais encore jeune fille… et voici que vous, bon ami, vous baissez les yeux comme une demoiselle…

D’ESTINNES. — Je baisse les paupières parce