Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/44

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vraiment, je la trouve touchante, moi, cette histoire de chaussettes…

Jean (hébété). — Vous la trouvez ?…

Madame Brayant, (indémontable) — Ce pauvre Monsieur Michel qui n’a même pas de chaussettes, lui qui gagne de l’or en barre… C’est qu’il se dépouille pour sa vieille maman ! Je dirai à Émerance de lui tricoter un caleçon de bonne laine, pour qu’il ait chaud lorsqu’il sort le soir, après la représentation ; et nous le lui enverrons comme cadeau à son bénéfice.

La rentrée d’Émerance coupe court à la conversation. On prend des airs de mystère. La jeune fille apporte le thé chaud et emplit les tasses. Madame Brayant coupe le pain d’épice en fines tranches.

Monsieur Brayant. — Quoi qu’il en soit, je vois que la soirée n’a pas été perdue pour notre Émerance. Elle nous jouera bientôt Faust au piano.

Madame Dumortier. — Cette chère enfant !.. Vous l’avez trouvé à votre goût, le beau séducteur de Marguerite ?

Émerance. — Mais oui, madame. Cependant, je préfère encore le comte Almaviva.

Madame Brayant (suffoquée). — Émerance !

Émerance. — Maman ?