Page:Schopenhauer, Eristische Dialektik.pdf/15

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    de contraste peuvent :

    1. s’exclure mutuellement, par exemple, droit et tordu ;
    2. être présents dans le même sujet : par exemple, le siège de l’amour est dans la volonté (επιϑυμητικον) et celui de la haine également. – Cependant si elle est dans le siège du sentiment (ϑυμοειδες), il en va de même pour l’amour. – L’âme ne peut être ni blanche, ni noire ;
    3. dans le cas où le degré inférieur manque, le degré supérieur manque également : si un homme n’est pas juste, ni ne sera pas non plus bienveillant.
    De là on en déduit que les loci sont des vérités générales qui se rapportent à d’entières classes de concepts que l’on peut utiliser dans les cas particuliers pour en tirer des arguments et les montrer à tous comme évidents. Pourtant, la plupart sont très trompeurs et il y a de nombreuses exceptions : par exemple, selon un locus : les opposés ont des rapports opposés, par exemple : la vertu est belle, le vice est laid – l’amitié est bienveillante, l’hostilité est malveillante. – Mais : le gaspillage est un vice donc l’avarice est une vertu ou les fous disent la vérité et donc les sages mentent sont des raisonnements qui ne marchent pas. La mort est une disparition et donc la vie une naissance : faux. Un exemple du caractère trompeur de ces topi : Scot Erigène dans son livre De prædestinatione, chap. 3, veut réfuter les hérétiques qui voyaient en Dieu deux prædestinationes (l’une au salut des élus, l’autre à la damnation des damnés) et utilise ce topus (Dieu sait où il a été le chercher) : « Omnium, quæ sunt inter se contraria, necesse est eorum causas inter se esse contrarias; unam enim eandemque causam diversa, inter se contraria efficere ratio prohibet. » Pourquoi pas ! Mais on sait experientia docet que la chaleur durcit l’argile, mais ramollit la cire, et cent autres choses du même acabit. Pourtant ce topus semble plausible. Il monte cependant toute sa démonstration sur ce topus, mais cela ne nous concerne plus. On peut trouver une entière collection de locis avec leurs réfutations dans l’ouvrage qu’a publié Francis Bacon sous le titre Colores boni et mali. – Vous pouvez y tirer des exemples. Il les appelle sophismata. On peut considérer comme locus l’argument opposé par Socrate à Agathon dans le Symposium, où ce dernier avait attaché toutes les bonnes qualités comme la beauté, la bonté, etc. à l’amour, mais où Socrate prouve le contraire : On cherche ce qu’on n’a pas : or l’amour cherche le beau et le bon et ne les a donc pas. » Il semblerait qu’il y ait des vérités générales qui soient applicables à toutes choses, si différentes soient elles, sans dépendre de leurs particularités. (La loi de