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Stratagème XXXVI
Déconcerter l’adversaire par des paroles insensées

Nous pouvons stupéfier l’adversaire en utilisant des paroles insensées. Ce stratagème est basé sur le fait que :

Gewohnlich glaubt der Mensch, wenn er nur Worte hort,
Es musse sich dabei doch auch was denken lassen.

S’il est secrètement conscient de sa propre faiblesse et est habitué à entendre de nombreuses choses qu’il ne comprend pas mais fait semblant de les avoir comprises, on peut aisément l’impressionner en sortant des tirades à la formulation érudites, mais ne voulant rien dire du tout, ce qui le prive de l’ouïe, de la vue et de la pensée, ce sous-entend qu’il s’agit d’une preuve indiscutable de la véracité de notre thèse. Il est bien connu que dans les temps modernes, certains philosophes ont utilisé ce stratagème contre tout le peuple allemand avec un brillant succès. Mais comme il s’agit d’exempla odiosa, nous pouvons préférer nous référer au Vicar of Wakefield de Goldsmith, chap. 7.


Stratagème XXXVII
Une fausse démonstration signe la défaite

(devrait être le premier). Lorsque l’adversaire a raison, mais a, par bonheur, utilisé une fausse démonstration, nous pouvons facilement la réfuter et déclamer ensuite avoir réfuté en même temps toute la théorie. Ce stratagème devrait être l’un des premiers à être exposés car il est, somme toute, un argumentum ad hominem présenté comme un argumentum ad rem. Si lui ou l’auditoire n’a plus aucune démonstration valable à soumettre, nous avons alors triomphé. Par exemple, lorsque quelqu’un avance l’argument ontologique pour prouver l’existence de Dieu alors que cet argument est facilement réfutable. C’est ainsi que les mauvais arguments perdent des bonnes affaires, en tentant de les soutenir par des autorités qui ne sont pas appropriées ou lorsqu’aucune ne leur vient à l’esprit.



Ultime stratagème
Soyez personnel, insultant, malpoli

Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débateur lui-même en attaquant sa personne : on pourrait appeler ça un argumentum ad personam pour le distinguer de l’argumentum ad hominem, ce dernier passant de la discussion objective du sujet à l’attaque de l’adversaire en le confrontant à ses