Page:Schopenhauer - Écrivains et Style, 1905, trad. Dietrich.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et quelle philosophie plus haute et plus consolante, après tout, en dépit du pessimisme qui la pénètre, que celle qui se résume dans la page suivante d’un manuscrit destiné à la seconde édition des Parerga et Paralipomena ?

« Une vie heureuse est impossible ; le plus haut à quoi l’homme puisse atteindre, c’est à une carrière héroïque. Elle est le partage de celui qui, en n’importe quel ordre de choses, lutte avec les plus grandes difficultés pour le bien de tous et finit par triompher, mal ou point du tout récompensé de ses efforts. Ensuite, quand tout est terminé, il reste là debout, pétrifié, comme le prince dans le Roi Corbeau de Gozzi, mais dans une noble attitude et avec un air magnanime. Sa mémoire demeure, et elle est célébrée comme celle d’un héros ; sa volonté, mortifiée durant toute une vie par la peine et le travail, par l’insuccès et l’ingratitude du monde, s’éteint dans le nirvana. »

Janvier 1903.
Auguste Dietrich.