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famille de celui du pays. C’est au contraire le cas le plus fréquent dans les monarchies électives, comme le montrent les États de l’Église. Les Chinois ne peuvent se faire une idée que du gouvernement monarchique ; ils ne comprennent nullement ce que c’est qu’une république. Quand, en 1658, une ambassade hollandaise arriva en Chine, elle se vit forcée de présenter le prince d’Orange comme roi du pays ; autrement, les Chinois auraient été tentés de prendre la Hollande pour un nid de pirates qui vivaient sans chef[1]. Stobée, dans un chapitre de son Florilège, intitulé : οτι καλλιστον ή μοναρχια (t. II, pp. 256-263, édit. citée), a réuni les meilleurs passages où les anciens exposent les avantages de la monarchie. Bref, les républiques sont contre nature, artificielles, un produit de la réflexion ; aussi ne constituent-elles que de rares exceptions dans l’histoire universelle. Il y a les petites républiques grecques, les républiques romaine et carthaginoise, rendues possibles aussi par le fait que les cinq sixièmes, peut-être même les sept huitièmes de la population, étaient des esclaves. Les États-Unis d’Amérique ne comptaient-ils pas eux aussi, en 1840, sur 16 millions d’habitants, 3 millions d’esclaves ? En outre, la durée des républiques de l’antiquité, comparée à celle des monarchies, a été très courte. Il est facile de fonder les républiques, mais difficile de les maintenir. C’est exactement le contraire avec les monarchies.

Si l’on veut des plans utopiques, voici le mien :

  1. Voir Jean Nieuhoff, L’Ambassade de la compagnie orientale des Provinces-Unies vers l’empereur de la Chine (traduction par Jean le Charpentier), Leydem 1665, chap. xlv.