Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/64

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fait que la façon dont l’acte métaphysique libre indiqué tombe dans la conscience est une perception qui a pour forme le temps et l’espace ; par le moyen de ceux-ci, l’unité et l’indivisibilité de cet acte se déploient, comme séparées l’une de l’autre, en une série d’états et d’événements qui suivent le fil conducteur du principe de cause sous ses quatre formes ; et c’est ce qu’on appelle nécessité. Mais le résultat est d’ordre moral, à savoir celui-ci : par ce que nous faisons, nous reconnaissons ce que nous sommes, comme, par ce que nous souffrons, nous reconnaissons ce que nous méritons.

Il s’ensuit que l’individualité ne repose pas seulement sur le principium individuationis, et n’est donc pas absolument un pur phénomène ; mais elle a sa racine dans la chose en soi, dans la volonté de l’individu, car le caractère même de celui-ci est individuel. Jusqu’à quelle profondeur pénètrent ses racines, c’est là une question à laquelle je n’entreprendrai pas de répondre.

Rappelons que déjà Platon présente à sa manière l’individualité de chacun comme l’acte libre de celui-ci, car il fait naître chaque homme, en conséquence de son cœur et de son caractère, tel qu’il est, en vertu de la métempsycose. (Voir le Phèdre et les Lois, livre X). Les brahmanes, eux aussi, expriment mythiquement la détermination immuable du caractère inné ; ils disent que Brahma, en engendrant chaque être humain, a gravé sur son crâne ses actes et ses souffrances en caractères d’écriture conformément auxquels se déroulera sa vie. Ils indiquent, comme étant lesdits caractères, les zigzags des sutures des os crâniens. Leur signification est une conséquence de sa vie et de