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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

clair, l’obscur et les couleurs, en vertu de la fonction si simple qu’il possède de rapporter tout effet à une cause et avec le secours de l’intuition de l’espace, lequel est une forme qui lui est inhérente, cette faculté, disons-nous, se base tout d’abord sur le concours que la sensation donne ici elle-même. Ce concours consiste en ce que, premièrement, la rétine, comme surface étendue, admet des impressions se juxtaposant ; secondement, en ce que la lumière agit toujours en lignes droites et se réfracte dans l’intérieur de l’œil également dans des directions rectilignes ; et enfin en ce que la rétine possède la faculté de sentir du même coup et immédiatement la direction dans laquelle la lumière vient la frapper, circonstance qu’on ne peut probablement expliquer que par le fait que le rayon lumineux pénètre dans l’épaisseur de la rétine. On gagne à cela ce résultat que l’impression seule suffit déjà à indiquer la direction de sa cause ; elle montre donc directement la place de l’objet qui émet ou réfléchit la lumière. Sans doute, aller à cet objet comme à la cause présuppose déjà la connaissance du rapport de causalité ainsi que celle des lois de l’espace ; mais ces deux notions constituent précisément l’apanage de l’intellect, qui, ici encore, doit créer la perception avec une pure sensation. — C’est cette opération que nous allons maintenant examiner de plus près.

La première chose que fait l’intellect, c’est de redresser l’impression de l’objet qui se produit renversée sur la rétine. Ce redressement essentiel se fait, comme on sait, de la manière suivante : comme chaque point de l’objet