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LA SECONDE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

n’est sans étendue, » a pour dernier principe celui de la contradiction. Celle-ci : « Tout jugement est vrai, ou faux, » a pour dernier principe celui du tiers exclu. Enfin celle-ci : « Nul ne peut admettre quelque chose comme vrai sans savoir pourquoi, » a pour dernier principe celui de la raison suffisante de la connaissance. Dans l’emploi ordinaire de la raison, on admet comme vrais les jugements qui résultent de ces quatre principes de la pensée, sans les ramener d’abord à ceux-ci comme à leurs prémisses, d’autant plus que la plupart des hommes ne savent rien de ces lois abstraites ; mais il ne faut pas conclure de là que ces jugements ne dépendent pas de lois en question comme de leurs prémisses ; car ce serait comme si l’on prétendait, que, lorsqu’un homme, qui n’a jamais eu connaissance du principe que « tous les corps tendent au centre de la terre », dit : « Si l’on retire à ce corps son appui, il tombera, » cela prouverait que cette dernière proposition ne dépend pas de la précédente, comme de sa prémisse. Je ne saurais donc admettre, ainsi qu’on renseigne jusqu’aujourd’hui en logique, que tous les jugements qui ne s’appuient que sur ces lois de la pensée renferment une vérité intrinsèque, c’est-à-dire sont, immédiatement vrais, et qu’il faut distinguer cette vérité logique intrinsèque de la vérité logique extrinsèque ; cette dernière consisterait à s’appuyer sur un autre jugement comme prémisse. Toute vérité, est le rapport entre un jugement et quelque chose en dehors de lui, et « vérité intérieure » est une contradiction.