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LA RAISON

à-dire antérieur à toute expérience et indépendant de celle-ci, dans tout l’ensemble de notre faculté de connaissance, se borne uniquement à la partie formelle de la connaissance, c’est-à-dire à la consciences des fonctions propres de l’intellect et du mode de sa seule ; activité possible ; mais ces fonctions, sans exception aucune, ont besoin de l’étoffe du dehors pour fournir des connaissances matérielles. Donc nous, possédons comme formes de la perception externe, objective, les notions de temps et d’espace, puis la loi de la causalité, comme simple forme de l’entendement, au moyen de laquelle celui-ci construit le monde physique et objectif, enfin aussi la partie formelle de la connaissance abstraite ; cette partie est contenue et exposée dans ta logique, que nos pères avaient bien raison d’appeler la théorie de la raison (Vernunfflehre[1]). Mais la logique même nous enseigne que les idées abstraites, qui composent les jugements et les syllogismes, et auxquelles se rapportent toutes les lois du raisonnement, ne peuvent prendre leur matière et leur contenu que dans les connaissances : de la perception intuitive ; de même que l’entendement, qui crée ces dernières, puise dans la sensation l’étoffe qui doit fournir un contenu à ses formes à priori.

Ainsi donc, toute la partie matérielle de notre connaissance, c’est-à-dire tout ce qui ne se réfère pas à ce qui est forme subjective, mode d’activité propre, fonction de l’intellect, en un mot toute l’étoffe de la connaissance

  1. Arnaud l’appelle « l’art de penser ». (Le trad.)