Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
DE LA TROISIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

pure, tout en étant complètement étrangers à la perception empirique. Ce qui distingue cette classe de représentations, dans laquelle le temps et l’espace sont conçus intuitivement, de la première classe dans laquelle ils sont perçus empiriquement (et toujours conjointement), c’est la matière, que pour cette raison j’ai définie d’une part comme étant la perceptibilité du temps et de l’espace, d’autre part comme étant la causalité objectivée.

En revanche, la forme de la causalité, propre à l’entendement, ne peut faire, en soi et séparée, l’objet d’une représentation ; nous n’arrivons à la connaître qu’avec la partie matérielle de la connaissance et à son occasion.

§ 36. — Principe de la raison de l’être.

L’espace et le temps sont ainsi constitués, que toutes leurs parties sont entre elles dans un rapport réciproque tel que chacune d’elles est déterminée et conditionnée par une autre. Dans l’espace, ce rapport s’appelle situation, et, dans le temps, succession. Ces rapports sont d’une nature toute spéciale ; ils diffèrent entièrement de toutes les autres relations possibles de nos représentations ; aussi ni l’entendement ni la raison ne peuvent les concevoir au moyen de simples notions ; nous ne pouvons les saisir que par l’intuition pure : car ce qui est en haut ou en bas, à droite ou à gauche, devant ou derrière, avant ou après, ne peut être rendu saisissable au moyen de simples notions. Kant dit avec raison, à l’appui de ces