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insuffisance de l'exposé fait jusqu'ici

l’égalité des angles est-elle la cause de celle des côtés ? Non, car il ne s’agit ici d’aucun changement, par conséquent d’aucun effet, qui doive avoir une cause. Est-elle un simple principe de connaissance ? Non, car l’égalité des angles n’est pas simplement la preuve de l’égalité des cotes, la simple raison d’un jugement : on ne pourrait jamais comprendre au moyen de pures notions que, lorsque les angles sont égaux, les côtés le doivent être également ; car, dans la notion d’égalité des angles, n’est pas contenue la notion d’égalité des côtés. Ce n’est donc pas ici une relation entre des notions ou entre des jugements, mais entre des côtés et des angles. L’égalité des angles n’est pas le principe immédiat de la connaissance de l’égalité des côtés, elle n’en est que le principe médiat, vu qu’elle est pour les côtés la cause d’être de telle façon, dans le cas présent d’être égaux : parce que les angles sont égaux, les côtés doivent être égaux. Il y a ici une relation nécessaire entre angles et côtés, et non pas immédiatement une relation nécessaire entre des jugements. — Ou bien encore, lorsque je demande pourquoi infecta facta, et jamais facta infecta fieri possunt, c’est-à-dire pourquoi le passé est absolument irréparable et l’avenir infaillible, cela ne peut se démontrer par la logique pure, par de simples notions. Cela n’est pas non plus affairé de causalité, car celle-ci ne régit que les événements, dans le temps, et, non le temps lui-même. Ce n’est pas en vertu de la causalité, mais immédiatement, par le fait seul de son existence, dont l’apparition est néanmoins infaillible, que l’heure présente a précipité celle qui vient de s’écouler,