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DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET

ensemble et y prennent leur place en vertu de lois précises dont la connaissance nous est acquise à priori ; dans cet ensemble, il existe simultanément un nombre illimité d’objets ; car nonobstant le flux perpétuel du temps, la substance, c’est-à-dire la matière, y est permanente, et, malgré la rigide immobilité de l’espace, les états de la matière y changent ; en un mot, dans cet ensemble est contenu pour nous le monde objectif et réel tout entier. Le lecteur qui s’intéresse à la question trouvera dans mon ouvrage : Le monde comme volonté et représentation, vol. I, § 4 (éd. allem.), un travail complet sur cette analyse de la réalité empirique, dont je ne donne ici qu’une ébauche ; il y verra, exposée dans tous ses détails, la manière dont l’entendement, en vertu de sa fonction, arrive à réaliser cette union et par là à se créer le monde de l’expérience. Le tableau annexé au chap. 4, vol. II du même ouvrage, contenant les Prædicabilia à priori du temps, de l’espace et de la matière, lui sera aussi d’un grand secours, et nous le recommandons à sa soigneuse attention, car il y verra surtout comment les contrastes de l’espace et du temps se concilient dans la matière apparaissant comme leur produit sous la forme de la causalité.

Je vais exposer tout à l’heure, en détail, la fonction de l’entendement qui forme la base de la réalité empirique : mais auparavant je dois écarter, par quelques explications rapides, les premiers obstacles que pourrait rencontrer le système idéaliste que je professe ici.