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RAISON SUFFISANTE DU DEVENIR

le renforcement de la cause l’effet se convertisse en un effet opposé.

La troisième forme de la causalité, c’est le motif : comme telle, elle dirige la vie animale propre, donc l’action, c’est-à-dire les actes extérieurs et accomplis avec conscience par tous les animaux. Le médium des motifs est la connaissance ; la réceptivité pour les motifs exige donc un intellect. Ce qui caractérise réellement l’animal, c’est par conséquent la connaissance, la représentation. L’animal, comme animal, se meut toujours vers un but et une fin : il doit donc avoir reconnu ceux-ci, c’est-à-dire que ce but et cette fin doivent se présenter à l’animal comme quelque chose de distinct de lui et dont néanmoins il acquiert la conscience. Par suite, l’animal doit être défini : ce qui connaît ; aucune autre définition n’atteint le point essentiel ; peut-être même aucune autre n’est à l’épreuve de la critique. Avec la connaissance disparaît nécessairement en même temps la faculté de se mouvoir en vertu de motifs ; il ne reste donc plus alors que la motion en vertu d’excitations, c’est-à-dire la vie végétative ; de là vient que sensibilité et irritabilité sont inséparables. Mais le mode d’agir d’un motif diffère de celui d’une excitation d’une manière évidente : l’action du premier peut en effet être très courte, voire même momentanée ; car son activité, à l’opposé de celle de l’excitation, n’a aucun rapport quelconque avec sa durée, avec la proximité de l’objet, etc. ; pour que le motif agisse, il suffit qu’il ait été perçu, tandis que l’excitation demande toujours le contact, souvent même l’intussusception, mais dans tous les cas, une certaine durée.