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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

ont professé les mêmes enseignements sur les points les plus essentiels de la question. Cela n’empêche pas nos dignes professeurs de philosophie de parler tout naïvement, et comme si rien n’avait été dit à cet égard, de la liberté de la volonté comme d’une affaire entendue. Ces messieurs s’imaginent, n’est-il pas vrai ? que si les grands hommes nommés plus haut ont existé de par la grâce de la nature, c’est uniquement pour qu’eux-mêmes puissent vivre de la philosophie. — Mais lorsqu’à mon tour, dans mon mémoire couronné, j’eus exposé la question plus clairement qu’on ne l’avait fait jusqu’alors, et cela sous la sanction d’une Société royale, qui a admis ma dissertation dans ses mémoires, alors il était certes du devoir de ces messieurs, vu leurs dispositions que je viens d’indiquer, de s’élever contre une doctrine aussi fausse et aussi pernicieuse, contre une hérésie aussi abominable, et de la réfuter à fond. Et c’était là un devoir d’autant plus impérieux pour eux, que dans le même volume (Problèmes fondamentaux de l’éthique), dans mon mémoire de concours sur le Fondement de la morale, j’ai démontré que la raison pratique de Kant, avec son impératif catégorique, que ces messieurs continuent de faire servir de pierre fondamentale à leurs plats systèmes de morale, sous le nom de loi morale (Sittengesetz), est une hypothèse, non fondée et nulle ; et je l’ai prouvé d’une manière tellement irréfutable et claire qu’il n’y a pas d’homme, pour


    tous les ressorts, jusqu'aux plus petis, nous en fussent connus ainsi que toutes les impulsions extérieures agissant sur ces ressorts, l’on pourrait calculer la conduite future d'un homme avec la même certitude qu'une éclipse de lune ou de soleil. » (Critique de la r. prat.)