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LA VOLONTÉ DEVANT LA PERCEPTION EXTÉRIEURE

comme un fait premier et inexplicable, laquelle, portant le nom de volonté[1]. se distingue des autres forces de la nature en ce qu’elle ne se fait pas seulement sentir à nous par le dehors, mais, grâce à la conscience, nous est aussi connue par le dedans et immédiatement. Ce n’est qu’avec la présupposition qu’une telle volonté existe, et, dans chaque cas particulier, qu’elle a une nature déterminée, que les causes dirigées sur elle, appelées ici motifs, peuvent exercer leur action. Cette nature spéciale et individuellement déterminée de la volonté, en vertu de laquelle sa réaction sous l’influence de motifs identiques diffère d’un homme à l’autre, constitue ce qu’on appelle le caractère de chacun, et même (parce qu’il n’est pas connu à priori, mais seulement à la suite de l’expérience), son caractère empirique. C’est la nature de ce caractère qui détermine le mode d’action particulier des différents motifs sur chaque individu donné. Car il est à la base de tous les effets que les motifs provoquent, comme les forces naturelles générales sont à l’origine des effets

  1. « Mais si on se pose cette question dernière : « Cette volonté qui se manifeste dans le monde et par le monde, qu’est-elle absolument et en elle-même ? » Il n’y a aucune réponse possible à cette question, puisque être connu est en contradiction avec être en soi et que tout ce qui est connu est par là-même phénomène. » (Welt als Wille, t. II ch. 25 — Cité par M Ribot, p. 92).