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essai sur le libre arbitre

pensée s’étende jusque-là, surtout dans un passage de l’Éthique à Nicomaque (II, 2, et III, 7) ; mais il commet l’erreur de déduire le caractère des actions, au lieu de suivre la marche inverse. De même il critique très à tort l’opinion de Socrate citée plus haut (p. 109) : mais en d’autres endroits il se l’est appropriée, par exemple lorsqu’il dit (Éthique à Nicomaque, X, 10) : « Quant à la disposition naturelle, elle ne dépend évidemment pas de nous ; c’est par une sorte d’influence toute divine qu’elle se rencontre dans certains hommes, qui ont vraiment, on peut dire, une chance heureuse. » (Tr. de Barthélémy Saint-Hilaire.) Plus loin : La première condition, c’est que le cœur soit naturellement porté à la vertu, aimant le beau et détestant le laid (Id.) — ce qui s’accorde avec le passage cité plus haut, ainsi qu’avec celui-ci de l’Ethica magna (1, 10) : « Pour être le plus vertueux des hommes, il ne suffira pas de vouloir, si la nature ne nous y aide pas ; mais néanmoins on sera beaucoup meilleur, par suite de cette noble résolution. » Aristote traite la question du libre arbitre au même point de vue dans l’Ethica magna (1, 9 18) et dans l’Ethica Eudemia (II, 6-10), où il s’approche encore un peu plus de la véritable donnée du problème : mais là aussi il reste hésitant et superficiel. Sa méthode constante est de ne pas aborder les problèmes directement, par voie