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mes prédécesseurs

éloges, ni les honneurs, ni les supplices ne sont fondés en justice, si l’âme n’a pas la libre puissance de désirer et de s’abstenir, et si le vice est involontaire. » Puis, après une phrase relative à une idée exprimée plus haut, il ajoute : « afin qu’autant que possible Dieu ne soit pas la cause des vices des hommes. » Cette conclusion hautement remarquable montre dans quelles intentions l’église s’empara aussitôt du problème, et quelle solution elle adoptait d’avance comme conforme à ses intérêts. — Presque deux cents ans plus tard nous trouvons la doctrine du libre arbitre exposée avec détail par Némésius, dans son ouvrage de Naturâ hominis (chap. 35, ad finem, et chap. 39-41). Le libre arbitre y est identifié sans plus ample discussion avec l’acte volontaire, ou le choix, et, en conséquence, exposé et défendu avec ardeur. Malgré cela, il y a déjà dans ce livre un pressentiment de la véritable question.

Mais le premier qui ait fait preuve d’une connaissance parfaitement adéquate de notre problème avec tout ce qui s’y rattache est le Père de l’Église Saint-Augustin, qui, par cette raison, quoiqu’il soit bien plutôt un théologien qu’un philosophe, mérite d’être pris en considération. Toute-

    la volonté : « αί γάρ λόγιϰαι δυνάμεις τοῦ βούλεσθαι διαϰόνοι τεφύϰασι. » (Les facultés rationnelles sont, de leur nature, soumises à la volonté). — V. Ribot, p. 73.