Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
mes prédécesseurs

mine, est responsable de toutes les conséquences de cet acte, que la traînée de poudre soit longue ou courte, — de même partout où se trouve une chaîne continue de modifications nécessaires, l'Être, fini ou infini, qui a produit la première doit être également regardé comme Fauteur de toutes les autres. » Il fait un essai pour résoudre cette difficulté, mais il avoue en terminant qu’il la considère comme insurmontable.

Kant lui-même, indépendamment de ses prédécesseurs, se heurte à cette pierre de la difficulté, dans la Critique de la raison pratique, p. 180 et suivantes de la 4e édition, et p. 232 de l'édition Rosenkranz : « Il semble nécessaire, aussitôt qu’on admet Dieu comme cause première universelle, d’accorder qu’il est la cause de l’existence de la substance même. Dès lors les actions de l’homme ont leur cause déterminante en quelque chose qui est tout à fait hors de son pouvoir, c’est-à-dire dans la causalité d’un être suprême distinct de lui, de qui dépend absolument son existence, et toutes les déterminations de sa causalité…… L’homme serait comme une marionnette ou comme un automate de Vaucanson, construit et mis en mouvement par le suprême ouvrier, que la conscience de lui-même en ferait sans doute un automate pensant ; mais il serait la dupe d’une illusion, en prenant pour la liberté la spontanéité dont