Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/17

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avertissement

allemands aient considéré le contenu des dissertations que je réimprime ici comme ne méritant aucuns égards, bien loin qu’elles soient dignes d’un examen sérieux, c’est ce que j’ai déjà reconnu ailleurs[1] et cela va du reste de soi. Comment donc de hauts esprits de cette nature devraient-ils faire attention à ce que de petites gens comme moi écrivent ? De petites gens, sur lesquels, dans leurs écrits, ils daignent à peine jeter en passant et de haut en bas un regard de

  1. « Le seul talent de ces gens-là (les professeurs de philosophie), et leur arme unique contre la vérité et le talent, c’est de se taire, de ne pas desserrer les dents. Dans aucune de leurs innombrables et inutiles productions publiées depuis 1841, il n’y a un seul mot consacré à mon Éthique, quoiqu’elle soit sans contredit ce qui s’est fait de plus important en morale dans ces soixante dernières années… Zitto, Zitto, pour que le public ne s’aperçoive de rien, telle est, et telle reste toute leur politique. La pitoyable peur qu’ils ont de mes écrits n’est que leur crainte de la vérité. » (Dissertation sur la Quadruple Racine du Principe de Raison Suffisante, 3e  édition, 1875). Ailleurs, dans le même ouvrage, Schopenhauer s’exprime avec une confiance dont témoigne déjà l’épigraphe de l’Éthique : Μεγάλη ἥ ἀληθεια, ϰαὶ ὑπερίοχυει. « Le lecteur qui ne s’intéresse point à la chose peut, s’il le veut, laisser passer intact à ses petits-fils ce livre, comme tout le reste de mes écrits. Moi, je m’en soucie peu : car je ne suis pas là pour une seule génération, mais pour un grand nombre. » Et plus loin : « Les professeurs de philosophie ne veulent rien apprendre de moi, et ne reconnaissent point combien de choses j’aurais à leur enseigner : à savoir, tout ce que leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants apprendront de moi un jour. »