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mes prédécesseurs

non comme une chose pensante, mais comme le plus vil des ânes, s’il meurt de faim et de soif. » — J’aurai dans la suite à enregistrer le même revirement d’opinion de la part de deux grands hommes, preuve nouvelle que ce problème, pour être bien compris, exige des efforts sérieux et une grande pénétration.

Hume, dans son Essai sur la liberté et la nécessité, dont j’ai cité plus haut quelques lignes, s’exprime avec la conviction la plus lumineuse de la nécessité des volitions individuelles, les motifs étant donnés, et il l’expose de la façon la plus nette et avec cette largeur de vues qui lui est particulière, « Ainsi il apparaît, dit-il, que la connexion entre les motifs et les actes volontaires est aussi régulière et aussi uniforme que la connexion entre les motifs et l’effet dans toute autre partie de la nature. » Et plus loin : « Il semble presque impossible, par conséquent, de s’engager dans aucune science ni dans des actions d’aucune sorte, sans reconnaître expressément la doctrine de la nécessité, et cette liaison intime entre les motifs et les actes volontaires, entre le caractère et la conduite de chacun. »

Mais aucun écrivain n’a exposé la nécessité des volitions d’une manière aussi complète et aussi convaincante que Priestley, dans l’ouvrage qu’il a exclusivement consacré à ce sujet : La doctrine