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mes prédécesseurs

c’est le trésor des idées de Kant que l’auteur débite fastueusement comme sa propre marchandise. Plus loin (p. 472), il dit encore, au mépris de toute vérité et de toute justice, que Kant ne s’est pas élevé en théorie jusqu’à ce nouveau point ce vue, etc. ; tandis que chacun peut constater avec évidence en relisant, comme j’ai conseillé de le faire, les deux immortels passages de Kant, que c’est précisément ce point de vue qui appartient originellement à Kant tout seul, et que, sans lui, mille intelligences de la force de Messieurs Fichte et Schelling n’auraient jamais été capables d’y atteindre. Comme j’avais à parler ici du travail de Schelling, je ne pouvais pas garder le silence sur ce point ; et je crois, en revendiquant pour Kant ce qui incontestablement n’appartient qu’à lui, n’avoir fait que remplir mon devoir envers ce grand maître de l’humanité, qui seul avec Gœthe est le légitime objet d’orgueil de la nation allemande, et cela surtout à une époque à laquelle peut s’appliquer tout particulièrement le mot de Gœthe :

« Le peuple des gamins est maître de la voie. »

Ajoutons que dans le même travail Schelling a mis tout aussi peu de pudeur à s’approprier les pensées et les expressions mêmes de Jacob Bœhme,