Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
essai sur le libre arbitre

Dans la Twelfth Night, A. 1, on lit :

Destin, montre ta force : nous ne disposons pas de nous-mêmes,
Ce qui est décrété doit être ; et je m’abandonne à l’événement.

Walter Scott aussi, ce grand connaisseur et ce grand peintre du cœur humain et de ses impulsions les plus secrètes, a mis en lumière cette profonde vérité, dans La source de St-Ronan, vol. 3. chap. 6. Il nous représente une pécheresse qui meurt dans le repentir, et qui essaie sur son lit de mort de soulager par des aveux sa conscience troublée : il lui prête entre autres les paroles suivantes : « Allez, et abandonnez-moi à mon destin. Je suis la plus détestable créature qui ait jamais vécu : détestable à moi-même, ce qui est le pire : car même dans ma pénitence il y a un secret murmure qui me dit que si je me trouvais de nouveau dans les mêmes circonstances qu’autrefois, je referais toutes les misérables actions que j’ai commises, et bien plus encore. Oh ! que Dieu me vienne en aide, pour écraser cette criminelle pensée ! »

Comme complément à cette poétique exposition, je citerai le fait suivant, qui lui est pour ainsi dire parallèle, et fournit en même temps une preuve très-convaincante à l’appui de la doctrine de l’invariabilité des caractères. Il a passé en 1845