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définitions

elle commence tout d’abord par recevoir les impressions avec une passivité apparente ; mais bientôt réunissant pour ainsi dire les connaissances acquises par cette voie, elle les élabore et les transforme en notions, qui, en se combinant indéfiniment avec le secours des mots, constituent la pensée[1]. Ce qui nous resterait donc, après déduction de cette partie de beaucoup la plus considérable de notre faculté cognitive ce serait la conscience psychologique. Nous concevons, dès lors, que la richesse de cette dernière faculté ne saurait être bien grande : aussi, si c’est la conscience qui doit véritablement renfermer les données nécessaires à la démonstration du libre arbitre, nous avons le droit d’espérer qu’elles ne nous échapperont pas. Ou a aussi émis l’hypothèse d’un sens intérieur[2] servant d’organe à la conscience, mais il faut le prendre plutôt au sens figuré qu’au sens réel, parce que les connaissances que la conscience nous fournit sont immédiates, et non médiates comme celles des sens. Quoi qu’il en soit, notre

  1. Dans cette assertion fort contestable, on reconnaît l’influence de l’école française du xviiie siècle, que Schopenhauer avait étudiée de fort près.
  2. « Il se trouve déjà mentionné dans Cicéron, sous le nom de tactus interior (Acad. Quœst. IV, 1), Plus explicitement encore dans Saint-Augustin (de Lib. Arb., II, 3 et sq.), puis dans Descartes (Princ. Phil. IV, 190) ; il est décrit avec tous les développements désirables par Locke. » (Note de Schopenhauer.)