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essai sur le libre arbitre

notre réponse négative se voie confirmée avec éclat par une preuve de plus. Si en effet nous nous adressions maintenant, la même question sur les lèvres, à ce tribunal auquel nous avons été renvoyés tout à l’heure, comme à la seule juridiction compétente, — je veux dire au tribunal de l’entendement pur, de la raison qui réfléchit sur ses données et les élabore, et de l’expérience qui complète le travail de l’une et de l’autre, — si alors, dis-je, la décision de ces juges tendait à établir que le prétendu libre arbitre n*existe absolument point, mais que les actions des hommes, comme tous les phénomènes de la nature, résultent, dans chaque cas particulier, des circonstances précédentes comme un effet qui se produit nécessairement à la suite de sa cause ; cela nous donnerait en outre la certitude que l’existence même dans la conscience de données aptes à fournir la démonstration du libre arbitre, est chose parfaitement impossible. — Alors, renforcée par une conclusion a non posse ad non esse, qui seule peut servir à établir à priori des vérités négatives, notre décision recevrait, en surcroit de la preuve empirique exposée dans ce qui précède, une confirmation rationnelle, d’où elle tirerait évidemment une certitude bien plus grande encore. Car une contradiction formelle entre les affirmations immédiates de la conscience, et les conséquences tirées des prin-