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la volonté devant la perception extérieure

2° La seconde forme de la causalité est l’excitation, caractérisée par deux particularités : 1° Il n’y a pas proportionnalité exacte entre l’action et la réaction correspondante ; 2° On ne peut établir aucune équation entre l’intensité de la cause et l’intensité de l’effet. Par suite, le degré d’intensité de l’effet ne peut pas être mesuré et déterminé d’avance lorsqu’on connaît le degré d’intensité de la cause : bien plus, une très-petite augmentation dans la cause excitatrice peut provoquer une augmentation très-grande dans l’effet, ou au contraire annuler complètement l’effet obtenu par une force moindre, et même en amener un tout opposé. Par exemple, on sait que la croissance des plantes peut être activée d’une façon extraordinaire par l’influence de la chaleur, ou de la chaux mélangée à la terre, agissant comme stimulants de leur force vitale : mais pour peu que l’on dépasse la juste mesure dans le degré de l’excitation, il en résultera non plus un accroissement d’activité et une maturité précoce, mais la mort de la plante. C’est ainsi que nous pouvons par l’usage du vin ou de l’opium tendre les énergies de notre esprit, et les exalter d’une façon notable ; mais si nous dépassons une certaine limite, le résultat est tout à fait opposé. — C’est cette forme de la causalité, désignée sous le nom d’excitation, qui détermine toutes les modifications des organismes, considé-