Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
la volonté devant la perception extérieure

lité extérieure, quoique souvent bien loin en arrière dans le passé ; tantôt en effet il les doit à l’expérience personnelle des années écoulées, tantôt à une tradition communiquée par l’écriture ou par la parole, datant même des temps les plus reculés, mais ayant toujours pourtant un commencement réel et objectif. — Ajoutons que grâce à la combinaison souvent difficile de circonstances extérieures fort compliquées, beaucoup d’erreurs, et, par reflet de la tradition, beaucoup d’illusions, par suite aussi beaucoup de folies, doivent être comptées parmi les motifs humains. Il faut encore remarquer que l’homme cache souvent à tout le monde les motifs de sa conduite, parfois même à sa propre conscience, comme dans les cas où il a honte de s’avouer le véritable motif qui le pousse à faire telle ou telle chose. Cependant, dès que l’on perçoit ses actes, on cherche par conjecture à en pénétrer les motifs, et on les présuppose avec autant de confiance et de sûreté que la cause physique des mouvements sensibles des corps bruts, dans la conviction que les uns comme les autres sont impossibles sans causes. En accord avec ce qui vient d’être dit, nous faisons aussi entrer en ligne de compte, dans la formation de nos projets et la construction de nos plans, l’influence des divers motifs sur l’esprit des hommes. Nous le faisons même avec une sûreté qui pourrait devenir égale