Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/116

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Voilà pourquoi je t’accuse, mer dévoratrice, qui as englouti mes petits enfants. Souviens-toi du roi asiatique par qui tu fus punie. Mais ce n’était pas un roi centenaire. Il n’avait pas subi assez d’années. Il ne pouvait point comprendre les choses de l’univers. Je ne te punirai donc pas. Car ma plainte et ton murmure viendraient mourir en même temps aux pieds du Très-Haut, comme le bruissement de tes gouttelettes vient mourir à mes pieds. O mer Méditerranée ! je te pardonne et je t’absous. Je te donne la très sainte absolution. Va-t’en et ne pèche plus. Je suis coupable comme toi de fautes que je ne sais point. Tu te confesses incessamment sur la grève par tes mille lèvres gémissantes, et je me confesse à toi, grande mer sacrée, par mes lèvres flétries. Nous nous confessons l’un à l’autre. Absous-moi et je t’absous. Retournons dans l’ignorance et la candeur. Ainsi soit-il.


Que ferai-je sur la terre ? Il y aura un monument expiatoire, un monument pour la foi qui ne sait pas. Les âges qui viendront doivent connaître notre piété, et ne point désespérer. Dieu