Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/148

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sous le courant d’air. Le vieillard tendit le bras, et sa main apparut sur le bord de la manche fourrée comme un ossement vide.

— Enfant barbare et douteur, dit-il, quelle est ta noire ignorance ! Ecoute : cet autre enfant t’instruira par sa bouche. Dis-lui, toi, la nature des étoiles.

Et l’enfant maigre récita :

— Les étoiles sont fixées dans la voûte de cristal et tournent si rapidement sur leur pivot de diamant qu’elles s’enflamment de leur propre mouvement et tourbillon. Dieu n’est que le premier moteur des orbes et la cause de la révolution des sept ciels ; mais depuis la motion initiale le ciel des constellations n’obéit qu’à ses propres lois et gouverne à son gré les événements de la terre et les destinées des hommes. Telle est la doctrine d’Aristote et de la Sainte Église.

— Tu mens ! cria encore Alain. Dieu connaît toutes ses étoiles et les aime. Il me les a fait voir malgré les grands arbres de la forêt, qui recouvrait le ciel ; et il me les a fait flotter le long de la rivière, et il me les a fait danser joyeuses au-dessus de la campagne ; et j’ai vu aussi celles