Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui se sont noyées au temps de la mort de Notre Seigneur ; et bientôt il me montrera la mienne et…

— Enfant, Dieu te montrera la tienne. Ainsi soit-il ! dit le vieillard.

Mais Alain ne put connaître s’il lui parlait sérieusement. Car un souffle de vent soudain emplit la cellule et les deux flammes des cierges se renversèrent comme des fleurs retournées, bleuirent et moururent. Alain retrouva l’escalier en tâtant la muraille ; et, comme il avait pris de la hardiesse, et aussi pour punir le vieillard menteur, il arracha le bec de cuivre avec sa mèche brûlante et l’emporta.

Toute la place était noire de nuit, et la tour carrée parut s’y enfoncer et disparaître sitôt qu’Alain l’eut quittée. Il retrouva le passage de la voûte à la lueur de sa lampe et le franchit. Ici les chapeaux pointus des toits ne découpaient plus le ciel. Les ténèbres s’élargissaient et l’ombre supérieure semblait comme frottée de blancheur. Le firmament nocturne était saisi dans un treillis d’étoiles, parcouru de fils d’air ténu aux nœuds étincelants, tendu d’une résille de feu