Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/196

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étendue dans son lit à plat ventre, la bouche pleine de sable et de charbon, ils avaient consulté des médecins. Leur avis fut d’envoyer Madge à la campagne, et de lui fatiguer les jambes, le dos et les bras. Mais depuis qu’elle était au moulin, elle s’enfuyait dès l’aurore sous le petit toit, d’où elle considérait l’ombre tournoyante des ailes.


Tout à coup elle frémit de la pointe des cheveux aux talons. Quelqu’un avait soulevé le loquet de la porte.

— Qui est là ? demanda Madge par l’ouverture carrée.

Et elle entendit une faible voix :

— Si l’on pouvait avoir un peu à boire : j’ai bien soif.

Madge regarda à travers les échelons. C’était un vieux mendiant de campagne. Il avait un pain dans son bissac.

— Il a du pain, se dit Madge ; c’est dommage qu’il n’ait pas faim.

Elle aimait les mendiants, comme les crapauds,