Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/216

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fruits ; et toutes les fois qu’on lui présentait les épis ou les rameaux, elle fendait la tige ou le bois, et pleurait de désappointement. Bûchette ne parvint point à lui apprendre en quel endroit il fallait chercher les grains de blé ou les cerises, et sa déception était toujours semblable.

Par imitation elle put bientôt porter du bois, de l’eau, balayer, essuyer et même coudre, bien qu’elle maniât la toile avec une certaine répulsion. Mais elle ne se résigna jamais à faire le feu, ou même à s’approcher de l’âtre.


Cependant Bûchette grandissait, et ses parents voulurent la mettre en service. Elle prit du chagrin, et le soir, sous les draps, elle sanglotait doucement. La fille verte regardait piteusement sa petite amie. Elle fixait les prunelles de Bûchette, le matin, et ses propres yeux se remplissaient de larmes. Puis la nuit, quand Bûchette pleura, elle sentit une main douce qui lui caressait les cheveux, une bouche fraîche sur sa joue.

Le terme s’approchait où Bûchette devait entrer en servitude. Elle sanglotait maintenant,