Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/232

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par le roi Salomon. L’âge y avait peint une couche de vert-de-gris ; car cette cruche habitait autrefois l’Océan, et depuis plusieurs milliers d’années elle contenait un génie, qui était prince. Une très jeune fille sage saurait briser l’enchantement à la pleine lune, avec la permission du roi Salomon, qui a donné la voix aux mandragores. Dans la cruche bleu clair, Giauharé avait enclos toutes ses robes marines, tissées d’algues, gemmées d’algues et tachées de la pourpre des coquillages. Tout le ciel du Paradis terrestre, et les fruits riches de l’arbre, et les écailles enflammées du serpent, et le glaive ardent de l’ange étaient enfermés par la cruche bleu sombre, pareille à l’énorme cupule azurée d’une fleur australe. Et la mystérieuse Lilith avait versé tout le ciel du Paradis céleste dans la dernière cruche : car elle se dressait, violette et rigide comme le camail de l’évêque.

Ceux qui ignoraient ces choses ne voyaient que sept vieilles cruches décolorées, sur le manteau renflé de l’âtre. Mais Marjolaine savait la vérité, par les contes de son père. Au feu d’hiver, parmi l’ombre changeante des flammes du