Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/240

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regarda la haie du potager. Puis elle ôta une de ses pantoufles, et la jeta de toutes ses forces par-dessus les groseilliers. La pantoufle tomba sur la grand’route.

Cice caressa le chat et dit :

— Écoute, chat. Si le prince ne me rapporte pas ma pantoufle, je t’achèterai des bottes et nous voyagerons pour le trouver. C’est un très beau jeune homme. Il est habillé de vert, avec des diamants. Il m’aime beaucoup, mais il ne m’a jamais vue. Tu ne seras pas jaloux. Nous demeurerons ensemble, tous les trois. Je serai plus heureuse que Cendrillon, parce que j’ai été plus malheureuse. Cendrillon allait au bal tous les soirs, et on lui donnait des robes très riches. Moi, je n’ai que toi, mon petit chat chéri.

Elle embrassa son museau de maroquin mouillé. Le chat jeta un faible miaulement et passa une patte sur son oreille. Puis il se lécha et ronronna.

Cice cueillit des groseilles vertes.

— Une pour moi, une pour mon prince, une pour toi. Une pour mon prince, une pour toi, une pour moi. Une pour toi, une pour moi,