Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des mouchoirs se soulevait en petites collines blanches. Les pointes des aiguilles se dressaient derrière, semblables à des lances embusquées. Le petit dé de fer ouvragé était un chapeau d’armes abandonné. Les ciseaux ouvraient indolemment la gueule comme un dragon d’acier. Ainsi tout dormait dans l’attente. Le petit chariot de chair, souple et agile, ne circulait plus, versant sur ce monde enchanté sa tiède chaleur. Tout l’étrange petit château de travail sommeillait. L’enfant espérait. La porte allait s’ouvrir, doucement ; la flammèche rieuse volèterait ; les collines blanches s’étaleraient ; les fines lances se choqueraient ; le chapeau d’armes retrouverait sa tête rose ; le dragon d’acier claquerait rapidement de la gueule, et le petit chariot de chair trottinerait partout, et la voix effacée dirait encore : « Je suis sage aujourd’hui ! » — Est-ce que les miracles n’arrivent pas deux fois ?