Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/283

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sont pas venus. Et il ne faut pas rester en ce lieu froid et obscur.

Et je sanglotai alors et lui dis :

— O Monelle, mais tu craignais les ténèbres ?

— Je ne les crains plus, dit-elle.

— O Monelle, mais tu avais peur du froid comme de la main d’un mort ?

— Je n’ai plus peur du froid, dit-elle.

— Et tu es toute seule ici, toute seule, étant enfant, et tu pleurais quand tu étais seule.

— Je ne suis plus seule, dit-elle ; car j’attends.

— O Monelle, qui attends-tu, dormant roulée en ce lieu obscur ?

— Je ne sais pas, dit-elle ; mais j’attends. Et je suis avec mon attente.

Et je m’aperçus alors que tout son petit visage était tendu vers une grande espérance.

— Il ne faut pas rester ici, dit-elle encore, en ce lieu froid et obscur, mon aimé ; retourne vers tes amis.

— Ne veux-tu point me guider et m’enseigner, Monelle, pour que j’aie aussi la patience de ton attente ? Je suis si seul !

— O mon aimé, dit-elle, je serais malhabile