Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/67

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conduisit dans la prairie des morts, qui est entourée par la ceinture fluide du Styx où crient des grenouilles noires. Et là, s’étant assise sur un tertre, elle ôta sa main gauche dont elle se couvrait le sein.

Or, l’ombre d’Akmé était transparente ainsi que le béryl, mais je vis dans sa poitrine une tache rouge formée comme un cœur.

Et elle me supplia sans paroles de reprendre son cœur sanglant, afin qu’elle pût errer sans douleur parmi les champs de pavots qui ondulent aux enfers comme les champs de blé sur la terre de Sicile.

Alors je l’entourai de mes bras, mais je ne sentis que l’air subtil. Et il me sembla que du sang fluait vers mon cœur ; et l’ombre d’Akmé se dissipa en toute transparence.

Maintenant j’ai écrit ces vers, parce que mon cœur est gonflé du cœur d’Akmé.