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L’AUTRE


Il n’y a plus (vous le savez bien, petites rosses) ni génies ni esprits. M. de Voltaire, le pharmacien Homais (qui en 1857 prit la suite de ses affaires) et Max Nordau, dont la concurrence a tué la maison, vous l’ont assez prouvé. Toute l’inspiration d’Ézéchiel[1] n’était que de manger, sur l’ordre

  1. Ce raseur d’Isaïe traite des questions qui manquent vraiment trop d’actualité.

    Comment s’intéresser à ses histoires ? Jugez-en par ce passage, que je cite au hasard : « Alors, Eliakim, Shebna et Joach dirent à Rabskaké : — Parle à tes serviteurs en langue araméenne, car nous l’entendons, et ne nous parle pas en langue judaïque aux oreilles du peuple qui est sur la muraille. »

    Et Rabskaké répond : « Est-ce vers ton maître ou vers toi que mon maître m’a envoyé, pour dire ces paroles ? N’est-ce pas vers les hommes qui se tiennent sur la muraille, pour dire qu’ils mangeront leurs excréments et boiront leur urine avec nous ? »

    Il est dégoutant, Rabskaké. En voilà une conversation ! Est-ce donc ainsi qu’on composait les menus du temps d’Isaïe ?

    (Le Matin, 7 mai 1903.)