Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/65

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n’êtes-vous pas de la république ? », comme si leur Dieu fût chose publique[1]. La nature de ce Dieu paraît donc fort incertaine, et tout ce que j’ai pu en apprendre, c’est que son humeur semble dépendre de la faveur populaire (lacune ici dans le texte)………….. et dans leur plus récente guerre il se tourna subitement contre les habitants au lieu de les protéger contre les ennemis et parfois il bannit sans raison apparente les plus grands d’entre eux, et souvent il s’irrite contre les savants ou les écrivains ; en un mot ses caprices paraissent extravagants et incompréhensibles. Quelquefois les Diurnales introduisent auprès de lui une comédienne ; et pendant plusieurs semaines elle est couverte de pierres précieuses et d’or par la divinité ; personne n’ose y contredire, pas même les oiseaux, qui l’entourent de clameurs et d’excréments favorables ; puis tout à coup elle est chassée honteusement du temple, et la divinité proclame sa colère par d’affreux sifflements. Depuis cent ans personne n’a joui de la faveur du Dieu pendant dix années consécutives,

  1. Passage ambigu : « Nonne tua res agitur in re publica ? » haud secus ac si deus publicum. (Tous les ms. Portent publicum et non publicus.)