Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/78

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Adieu, adieu ! Et les charognes rigolaient toujours.

Enfin j’embarque avec mon matelot. Nous filons entre les coraux, nous débouchons de la passe — et bonsoir. C’était une nuit épatante, après le grand cyclone. L’air était doux à faire pleurer. On entendait le ressac sur la barrière de corail ; les cordages chantaient sous le vent ; la lune montait comme un ballon en feu dévoré par une gueule de nuage noir. Moi, sous le fanal, je rêvais à m’envoyer là-bas une petite peau blanche après avoir été condamné à plusieurs mois de morceaux de charbon dans ma couchette… pouah !… enfin je filais dans la poésie, quoi ! Tout à coup, j’entends la voix de mon matelot.

— Mon commandant !

— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a de cassé ? lui dis-je. Il répète, tout bas, en hésitant :

— Mon commandant, il fait une drôle d’odeur, sous le panneau.

— Une drôle d’odeur, lui dis-je ? Eh bien quoi, ça sent le copra, ça pue…

— Pardon excuse, mon commandant — ça ne sent pas le copra — c’est comme qui dirait, mon commandant, que ça sent la chose de — enfin la m—e, quoi !