Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et des burettes bonnes à fondre. Et la nuit suivante, il eut pour compagnons Denisot et Marignon, larrons comme lui. Marignon avait une oreille coupée. Ils ne savaient que manger. Ils envièrent les petites souris rôdeuses qui nichaient entre les dalles et s’engraissaient à grignoter les bribes du pain sacré. La troisième nuit, ils durent sortir, la faim aux dents. Les gens de justice les empoignèrent, et Alain, qui se cria clerc, avait oublié d’arracher ses manches vertes.

Il demanda aussitôt à aller au retrait, décousit son jaquet, et enfonça les manches parmi l’ordure ; mais les hommes de la geôle avertirent le prévôt. Un barbier vint raser entièrement la tête d’Alain le Gentil, pour effacer sa tonsure. Les juges rirent du pauvre latin de ses psaumes. Il eut beau jurer qu’un évêque l’avait confirmé d’un soufflet, quand il avait dix ans : il ne put venir à bout