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IVANHOÉ

dans le château, et où d’autres avaient trouvé un logis dans la ville même ; au nombre de ces derniers étaient des chevaliers qui avaient déjà paru au tournoi ou qui se proposaient de combattre le jour suivant ; ils s’avançaient lentement le long de la route, devisant sur les événements du jour, au milieu des acclamations de la populace.

Le même accueil fut fait au prince Jean, bien qu’il les dût plutôt à la splendeur de son costume et de son cortége qu’à la popularité de son caractère.

Une acclamation plus sincère et plus générale, et en même temps plus méritée, salua le vainqueur du jour jusqu’à ce que, cherchant à se soustraire à l’attention de la foule, il acceptât l’hospitalité d’un de ces pavillons aux extrémités de la lice, qui lui fut courtoisement offerte par les maréchaux du camp.

Aussitôt qu’il se fut retiré sous sa tente, beaucoup de ceux qui étaient restés auprès des autres dans la lice pour entrevoir le chevalier et former des conjectures sur lui se dispersèrent également.

Le bruit et le tumulte, qui accompagnent toujours un grand concours d’hommes rassemblés dans la même localité et qui ont été agités par les mêmes événements, furent maintenant remplacés par le bourdonnement éloigné des groupes divers qui se retiraient dans toutes les directions, et ce bourdonnement lui-même s’éteignit bientôt dans le silence.

Nul autre ne se fit alors entendre, sauf les voix des domestiques, qui dépouillaient les galeries des coussins et des tapisseries, afin de les mettre en sûreté pour la nuit, et se disputaient entre eux les restes de vin et les reliefs des repas que l’on avait servis aux spectateurs.

Au delà des bornes de la lice, plus d’une forge fut élevée, et ces forges commencèrent bientôt à luire à travers le crépuscule, annonçant le travail des armuriers, qui continuèrent pendant toute la nuit à réparer et à faire des changements dans les armures que l’on devait employer de nouveau le lendemain.