Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/14

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vous. Je suis le traducteur des Mousquetaires, de Vingt ans après et de Monte-Cristo. Ces trois romans ont fait la fortune de ceux pour qui je les ai traduits, et, moi, je suis sur le grabat d’un hospice, sans autre pain que celui des pauvres.

» Excusez-moi d’avoir pensé à vous ; mais, d’après vos livres, avec lesquels j’ai dû m’identifier pour les traduire, il m’a semblé que vous aviez un bon cœur ; — et, d’ailleurs, abandonné de tous ceux que je connaissais personnellement, force m’a été de recourir à vous que je ne connais que par vos œuvres.

» Si vous m’honorez d’une réponse, ne me la faites pas attendre, je vous en supplie ! Vous devez comprendre ce que souffre dans un hôpital un homme d’une certaine condition.

» Croyez-moi, monsieur, votre bien dévoué serviteur.

 » S… »

Je répondis poste pour poste :

« Mon cher monsieur S…,

» Un traducteur est presque un collaborateur, et un collaborateur est un demi-frère.

» Peut-être, si vous m’eussiez écrit un mois plus tôt, n’eussiez-vous pas tenté de commettre sur vous ce crime — sans pardon, parce qu’il est sans repentir, a dit l’auteur d’Hamlet ; — mais il est trop tard ; occupons-nous de vous remettre sur pied.

» Je vous envoie cent francs, et j’en tiens cent cinquante autres à votre disposition, le jour où vous m’écrirez que vous acceptez chez moi le lit et la table.