Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/15

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» Venez donc réclamer le plus tôt possible l’hospitalité que je vous offre ; peut-être la vie vous sera-t-elle plus facile en France qu’en Angleterre.

» Nul n’est prophète en son pays, a dit Jésus, chassé, ou à peu près, de Nazareth.

» Je vous attends donc aussitôt que vous aurez repris assez de force pour traverser le détroit.

» Tout à vous.
» Alex. Dumas. »

Quinze jours après, M. S… était installé chez moi.

Je lui avais, lui absent encore, cherché et trouvé trois ou quatre écoliers, au nombre desquels je m’étais inscrit le premier. Lui présent, je lui cherchai des traductions.

Je crus un instant avoir arrangé pour mon homme une grande affaire avec la Librairie nouvelle. C’était une traduction complète des œuvres de Byron, de Walter Scott et de Shakspeare ; mais M. Jacottet, qui alors était directeur de cet établissement, et m’avait donné sa parole peut-être un peu légèrement, la retira.

Je passai trois mois à essayer de faire une position à M. S… Pendant ces trois mois, il logea, mangea chez moi, et je fis sous ses yeux cette traduction d’Ivanhoe que nous livrons aujourd’hui à la publication.

Au bout de ces trois mois, M. S…, qui avait constamment touché cent cinquante francs par mois comme argent de poche, fut atteint de la maladie du pays et demanda à retourner en Angleterre.

Je n’avais aucune raison de m’opposer à ce désir ; je le favorisai même, en donnant à M. S… trois cents francs, afin que, arrivé à Londres, il pût, pendant quelque temps, chercher de nouveaux moyens d’existence, avec ces jambes