Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
IVANHOÉ.

— Nous verrons cela tout à l’heure, dit le brigand.

Et, s’adressant à ses compagnons, il ajouta :

— Emmenez ce drôle ! il veut se faire casser la tête et se faire couper la bourse, et de cette manière ouvrir deux veines à la fois.

Sur cet ordre, on entraîna Gurth, et, ayant été poussé vivement sur le côté gauche de la route, il se trouva dans un taillis qui séparait cette route de la plaine. Il fut obligé de suivre ses rudes conducteurs au plus fourré de cette retraite, où ils s’arrêtèrent tout à coup dans une clairière irrégulière, en grande partie dépourvue d’arbres, et sur laquelle, par conséquent, les rayons de la lune tombaient sans obstacle. Ceux qui s’étaient emparés de lui furent rejoints là par deux autres personnages qui paraissaient appartenir à la bande. Ils portaient au côté des épées courtes et des gourdins à la main, et Gurth put alors observer que tous les six avaient des visières qui auraient trahi leur métier, quand même leurs premiers procédés lui eussent laissé quelques doutes.

— Combien as-tu d’argent, manant ? dit un des voleurs.

— Trente sequins qui m’appartiennent, répondit Gurth d’un air renfrogné.

— C’est un mensonge ! s’écrièrent les brigands. Un Saxon avec trente sequins qui revient à jeun du village ! C’est un mensonge incontestable, et qu’il ne peut racheter que par tout ce qu’il a sur lui.

— Je les ai entassés pour racheter ma liberté, s’écria Gurth.

— Tu es un âne, répliqua l’un des voleurs ; trois pots d’ale forte t’eussent rendu aussi libre que ton maître, et plus libre encore s’il est Saxon comme toi.

— C’est une triste vérité, répondit Gurth ; mais, si mes trente sequins peuvent racheter ma liberté près de vous, déliez-moi les mains, je vous les compterai.

— Arrêtez ! dit l’un d’eux qui semblait exercer quelque autorité sur les autres. Ce sac que tu portes contient plus