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IVANHOÉ

bannières qui les ornaient flottant au vent, et d’où s’élevait le bruit de la chanson que les sentinelles murmuraient pendant leurs heures de veille.

Les voleurs s’arrêtèrent en cet endroit.

— Nous ne pouvons t’accompagner plus loin, dirent-ils ; il y aurait du danger pour nous. N’oublie pas l’avertissement que tu as reçu. Garde le secret sur ce qui t’est arrivé cette nuit, et tu n’auras pas lieu de t’en repentir. Mais, si tu négliges nos conseils, la tour de Londres ne te protégerait pas contre notre vengeance.

— Bonne nuit, mes bons amis ! dit Gurth ; je me souviendrai de vos ordres, et j’espère que je puis, sans vous offenser, vous souhaiter un métier plus sûr et plus honnête.

Sur ce, ils se séparèrent : les bandits reprenant la direction par où ils étaient venus, et Gurth se dirigeant vers la tente de son maître, à qui, malgré les injonctions qu’il avait reçues, il fit part de toutes ses aventures de la nuit.

Le chevalier Déshérité fut très-étonné, autant de la générosité de Rébecca, dont toutefois il résolut de ne pas profiter, que de celle des bandits, à qui une pareille qualité paraissait devoir être tout à fait étrangère.

Cependant ses réflexions sur ces étranges événements furent interrompues par la nécessité de prendre un peu de repos, que la fatigue de la journée et le besoin d’être dispos pour la rencontre du lendemain rendaient également indispensable.

Le chevalier se coucha donc sur un lit somptueux dont la tente était pourvue, tandis que le fidèle Gurth, étendant ses membres vigoureux sur une peau d’ours qui servait de tapis au pavillon, se plaça en travers de l’ouverture de la tente, de manière que personne n’y pût entrer sans le réveiller.